[Exposition] Kataplasma

Commissariat d’exposition : Mathilde Badie et Théo Diers, Artagon Pantin

Fruit d’une collaboration entre le Service culturel de l’université Sorbonne Paris Nord et Artagon Pantin, cette exposition qui réunit le travail d’Audrey Couppé de Kermadec et de Giorgio Van Meerwijk interroge le rôle du végétal au sein des pratiques de soin.

À travers la peinture et la sculpture principalement, ces deux artistes composent des récits à partir des connaissances et des croyances qui sont associées aux plantes. S’intéressant à des géographies, des histoires et des cultures différentes, iels partagent un attrait pour les savoirs populaires, communautaires et vernaculaires parfois méconnus ou tombés en désuétude. Le prisme du végétal leur permet ainsi d’articuler leur univers esthétique à un champ théorique précis qui s’attèle à reconsidérer ces savoirs, pour la plupart écrasés par les cultures dominantes liées au soin, en particulier occidentales.

Pour Giorgio Van Meerwijk, cet intérêt s’est récemment cristallisé autour du millepertuis. Cette plante est utilisée de différentes manières depuis l’Antiquité en Europe, notamment sous forme d’huile macérée pour ses vertus cicatrisantes, mais aussi pour sa symbolique
spirituelle. Les modalités d’usage de cette plante rendent également compte de dynamiques d’effacement et d’intégration des cultures païennes à la culture chrétienne. Plus largement, le travail de Giorgio Van Meerwijk, particulièrement tourné vers le volume et le relief, révèle différentes manières de transformer la matière et d’entrer en relation avec son environnement. Il s’inspire entre autres de la théorie des signatures, principe médiéval selon lequel l’aspect visuel des plantes indiquerait quelle partie du corps elles permettraient de guérir.

Chez Audrey Couppé de Kermadec, l’attention portée au végétal est à lier avec les stratégies de résistance développées par les personnes esclavisées aux Antilles. Iel puise ainsi son inspiration dans le marronnage, qui définit l’acte de s’échapper d’une propriété
d’esclaves, et dans le Quimbois, qui rassemble des pratiques magico-religieuses propres aux Antilles. Ces contextes ayant amené ces communautés à s’allier avec leurs environnements naturels, les peintures d’Audrey Couppé de Kermadec illustrent des actes de soin et de régénération tel que le “bain démarré”, rituel de purification par le frottement de plantes sur le corps, ou bien des moments de répit au sein d’espaces qu’iel appelle “marginaux” tels que les mangroves.

Au-delà de la question du soin, les relations entretenues entre les humains et les plantes dont ces artistes font état permettent aussi de tisser des communautés par le biais de rituels, de paroles et de transmissions qui constituent des cultures à part entière. Le titre de
l’exposition y fait référence : le cataplasme, du grec kataplasma, désigne une préparation pâteuse à base de plantes broyées que l’on applique sur la peau dans un but thérapeutique. L’absorption de ces cataplasmes par voie cutanée est en quelque sorte une métaphore organique de l’imprégnation de ces récits pluriels. Il s’agit donc avec cette exposition de s’intéresser à ce que les plantes peuvent nous raconter, et à la façon dont elles permettent d’articuler histoire communautaire, soin, croyance et connaissance.

Mathilde Badie et Théo Diers

Vernissage de l’exposition en présences des commissaires et des artistes le mercredi 8 octobre à partir de 17h.

Les mille pertuis © Giorgio Van Meerwijk

Date

01 - 23 Oct 2025

Heure

10h00 - 18h00

Lieu

Salle d'exposition - Campus de Bobigny

Organisateur

Service culturel
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